Ces sortes de petites feuilles de salade, rouges et fragiles.
Et si rouges!, et si fragiles! Et sI belles! On dirait des petites robes de danseuse flamenca!

Quand tu veux les cueillir, leur tige résiste toujours!
Elle est  plus solide qu'on pourrait l'imaginer. C'est étrange, ce contraste incroyable entre l'aspect si fragile de ses pétales et la rudesse de sa tige. On n'arrive pas à la plier pour la rompre d'un petit coup sec comme on le fait avec tant de fleurs des champs. Elle ploie, se courbe, suit vos mouvements, et résiste... et puis elle romp d'un coup...

Elle est rugueuse, cette tige. Au premier contact, on pourrait penser qu'elle est recouverte de minuscules piquants... J'ai longtemps pensé que ces pétales si légers, si rouges, si attirants, n'étaient là que pour donner l'envie de cueillir cette charmante fleur, et de se faire piéger par les piquants de sa tige... Quel poison contiennent-ils? Ou quel filtre d'amour, pour que j'en sois si dingue depuis toujours!

Coquelicots, coquelicots, mes fleurs si belles et si légères! Si légères que, lorsque tu veux sentir leur parfum, et que tu les approches de ton visage... et bien... même les jours où il n'y a aucun vent, le simple petit déplacement d'air provoqué par ce geste, fait frémir et trembler les pétales... La tige se courbe en arrière comme si elle voulait résister... les pétales tremblent... comme si la jolie fleur avait peur de toi...

Et puis, en approchant le nez de cette la jolie fleur, et parfois, sans avoir même encore inspiré, on se retrouve soudain avec un ou deux pétales collés sur la bouche! Comme si les doux pétales, d'un seul coup, s'étaient décidé à déposer un baiser soyeux sur tes lèvres!

Tu avais raison quand tu me disais que les filles sont bizarres... Les coquelicots aussi sont bizarres... les coquelicots me font penser aux filles...

Coquelicots... Ses fleurs là sont si fragiles, et il est si dommages de les cueillir pour les voir s'éteindre en quelques heures. Et quand je dis "s'éteindre", je suis loin de la vérité!
Elles ont ployé leur tête vers le bas, la couleur des pétales a commencé à s'assombrir... les belles petites robes rouges se sont collées ensembles, et sont devenues comme un voile, pour recouvrir leur visage...
Quelque soient les soins qu'on ai apporté au bouquet, quel que soit l'endroit où on les pose, quelle que soit l'eau qu'on leur fait boire, quelle que soit la lumière, l'ombre.... On ne peux rien y faire, car c'est de tristesse que meurent les coquelicots.

Coquelicots, fleurs des champs comme on les appelle... Elles sont faites pour être dans les champs. Elles sont comme des papillons, elles virevoltent au moindre souffle de vent, on les voit danser dans les prés, dans les fossés, mélangées à toute la nature... parfois au milieux des blés jaunes, parfois entourées d'un vert criard d'herbes grasses, parfois, ce sont elles seules qui colorent un sol ocre et aride.
Elles ne sont pas là que pour les abeilles, et pour que la nature accomplisse encore une fois son œuvre régénératrice! Elles sont là pour danser, seulement ça! Danser, sautiller, agiter leurs pétales comme si c'était des ailes, pour s'envoler. Oh! Pas pour partir à l'aventure! Non! Juste pour faire des loopings en rigolant dans le ciel bleu! Monter, descendre, remonter! Comme sur un manège dans une fête foraine! Et en emplissant le ciel de leurs cris stridents! Ces cris que seules savent faire les filles!

J'ai toujours su tout ça... Enfin, je l'ai su assez tôt... et depuis, je n'essaie plus de cueillir ces jolies fleurs.
Plus jamais je n'ai rompu une de ces tiges...

J'aime les voir comme sur cette photo... Il y a "Bal" au milieux du pré! Elles sont déjà presque toutes là, et les retardataires se pressent de rejoindre la piste!  Le soleil est déjà haut, la musique va commencer!  Et elles vont danser, et danser, et danser!

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